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Robert SCHUMANN, Fantasiestuecke Op. 12, Eduard ERDMANN, Décembre 1951
Robert Schumann compose ce cycle de huit pièces pour piano en 1837 à Ralbitz-Rosenthal, lors d'un séjour auprès de la pianiste anglaise Anna Robena Laidlaw dont elle est la dédicataire. L'oeuvre rend indirectement hommage à un auteur fétiche de Schumann, E.T.A. Hoffmann: elle s'inspire des "Fantasiestücke in Callots Manier" de Hoffmann, un recueil de contes et d’essais. À sa parution, ce volume contenait une note liminaire de Hoffmann sur le fameux graveur français du XVIIe siècle, Jacques Callot, mais aussi une préface de Jean Paul.
"[...] Schumann divisa les Fantasiestücke en deux livres, avec chacun un centre tonal. Trois des quatre pièces du Livre I sont en ré bémol majeur, l’exception («Aufschwung») faisant mine de partir, ce qui est assez significatif, en si bémol mineur, le relatif mineur le plus proche de ré bémol majeur; et le premier de ses deux épisodes contrastés est en réalité en ré bémol. C’est seulement à la toute fin que le thème principal cadence enfin avec une brusquerie délibérée jusqu’à l’accord mère de fa mineur.
De toutes les miniatures pour piano de Schumann, «Des Abends» est l’une des plus parfaites et des plus intimes. Sa mélodie régulière est syncopée de bout en bout (l’accompagnement à la main gauche maintient le temps réel); et lorsqu’elle passe à la voix intérieure, à la seconde moitié de la section d’ouverture, elle subit un nouveau changement par rapport à la barre de mesure. Le pianiste qui joue ce morceau a les pouces presque constamment entrelacés.
Après l’intensité dramatique d’«Aufschwung», avec sa mélodie au déferlement ascendant, la question posée par «Warum?» semble presque d’une secrète innocence. Beaucoup plus simple et plus courte que les autres pièces, elle eût presque pu faire partie des Kinderszenen, le recueil que Schumann composa juste après les Fantasiestücke. Arrivée à la fin, sa seconde moitié se répète, sans pour autant fournir de véritable conclusion. Au lieu de cela, la nature circulaire, répétitive des dernières mesures laisse la musique suspendue en plein ciel, comme sur un authentique point d’interrogation.
Le contour mélodique de «Warum?» est repris dans les premières mesures de «Grillen», pièce bon enfant qui commence, elle aussi, en approchant sa tonalité mère de manière détournée. Schumann la voulait jouée avec «Humor»—un concept qu’il décrira plus tard, à propos de ses Humoreske, op. 20 comme typiquement allemand—, un heureux mélange, selon ses propres mots, de «Gemütlichkeit» et d’humour.
Parmi les pièces du Livre II, «In der Nacht» et «Traumes Wirren» se déploient toutes deux en un constant tourbillon de doubles croches—sombres et intenses dans la première (malgré un épisode en majeur, plus chaud et plus lyrique), d’une clarté éblouissante dans la seconde. Les cascades de doubles croches sont plus nombreuses dans la section médiane de «Fabel», même si cette pièce fait, par ailleurs, alterner une phrase lente, doucement expressive (peut-être le «il était une fois» suggéré par la «fable» du titre), et une idée staccato bien plus rapide. La dernière pièce marque un retour au style Biedermeier, un rien pompeux, de «Grillen», et le pianiste doit, là encore, la jouer avec bonne humeur. Mais la coda introduit un nouvel élément de poésie dans le déroulement de la pièce, et les dernières mesures, nostalgiques, font écho à la mélodie d’ouverture au ralenti, comme de loin. [...]" Misha Donat, 2005, citation extraite de la traduction française de son texte telle que parue chez Hyperion.
La partition peut-être téléchargée sur la page correspondante de l'IMSLP.
L'interprétation d'EDUARD ERDMANN que je vous propose ici provient d'une radiodiffusion, l'enregistrement ayant été fait en DÉCEMBRE 1951. Est-ce-qu'il s'agit du même enregistrement que celui paru sur - par exemple - le disque Dacapo 1C 053-28 947 M, le disque Electrola E 80948, ou le disque EMI F.699214/16/5? Fort possible, mais en tous cas paru sur disque seulement après le décès d'Eduard Erdmann, étant donné qu'on ne trouve pas de traces d'un tel enregistrement dans le WERM et ses trois suppléments, couvrant les publications jusqu'en 1956. Il n'a donc probablement pas été fait spécialement pour le disque. Comme je n'ai jusqu'à maintenant pas eu la possibilité d'écouter un de ces disques: Si une visiteuse / un visiteur de cette page a un de ces disques et peut comparer les enregistrements, tout commentaire m'intéresse! -> Vos remarques.
Voici donc...
Robert Schumann, Fantasiestuecke Op. 12, Eduard Erdmann, Dezember 1951 (1. Des Abends (Au soir). Sehr innig zu spielen 03:36, 2. Aufschwung (Essor). Sehr rasch 02:48, 3. Warum? (Pourquoi?) Langsam 03:13, 4. Grillen (Chimères). Mit Humor 02:56, 5. In der Nacht (Dans la nuit). Mit Leidenschaft 03:49, 6. Fabel (Fable). Langsam 02:41, 7. Traumes Wirren (Troubles songes. Aeusserst lebhaft 02:12, 8. Ende vom Lied (Fin du chant). Mit gutem Humor 05:07)
que vous pouvez obtenir en...
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