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Ernest CHAUSSON, Concert en ré majeur pour piano, violon et quatuor à cordes, Op. 21, Louis KAUFMAN (violon), Artur BALSAM (piano), QUATUOR PASCAL, Concert Hall CHS-1071, 1950-1951
Ernest Chausson compose cette oeuvre d'instrumentation très inhabituelle entre 1889 et 1891. Dédiée à Eugène Ysaÿe, l'oeuvre est créée le 4 mars 1892 et a d'emblée un excellent accueil:
"[...] Jamais je n'ai eu un tel succès. Je n'en reviens pas. Tout le monde à l'air de trouver le Concert très bien. Exécution très bonne, par moments admirable, et toujours si artistique! Je me sens léger et joyeux, comme il ne m'est arrivé de l'être depuis longtemps. Cela me fait du bien et me donne du courage. Il me semble que je travaillerai avec plus de confiance à l'avenir. [...]"
Voilà ce qu'écrit Ernest Chausson dans son journal intime en date du 26 février 1892 - cité d'après Jean Gallois(*) - sur l'accueil que le public bruxellois fait à son Opus 21. Il est d'autant plus enthousiasmé qu'il s'agit de son premier réel triomphe: il a alors déjà 37 ans et un catalogue assez important, jalonné de compositions considérées aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre, mais qui n'avaient à l'époque pas encore eu beaucoup de succès.
Une courte description de l'oeuvre rédigée par Jean Gallois(*):
"[...] Une tradition veut que les quatre mouvements de l'opus 21 aient été écrits dans l'ordre III (mai 1889), II (octobre–novembre 1890), I (juin 1891) et IV (juillet 1891). C'est s'en tenir à l'état définitif de chaque volet, car la réalité est toute autre et les brouillons du musicien démontrent sans ambiguïté que tous les thèmes du Concert ont été dessinés dès le mois de mai 1889: ce qui, justement, donne à l'oeuvre sa parfaite cohésion. Ratures, repentirs, gommages ultérieurs ne sont donc que la matérialisation apparente d'une pensée sans cesse en quête de perfection, sinon d'absolu.
L'oeuvre est superbe. Dès l'introduction du Décidé liminaire, s'impose par deux fois une cellule rythmique formée par les trois premiers accords. À la 35e mesure apparaît le premier motif proprement dit (A) contenant les trois notes cycliques, et clairement exposé, sur un dessin appogiaturé du piano, par le violon solo: c'est ce motif qui servira de lien entre chaque mouvement. Après un pont où percent de sourdes interrogations, survient le second motif (B) en si bémol mineur. Le développement se déroule de façon classique, donnant la prééminence au thème (A), la réexposition se faisant, elle, essentiellement sur (B). Après cette âpre confession la Sicilienne apparaît un peu comme l'écharpe d'Iris, pur arc-en-ciel cintrant un ciel d'orage: elle en a les couleurs irréelles, l'élégante courbe, la cristalline immanence. Comme un pont que traverse une bouffée d'air frais, elle relie deux berges où sourdent les plus cruelles inquiétudes.
Car le Grave suivant reste l'un des plus beaux thrènes qui soient, sombrement, sobrement tragique, développant une longue ligne chromatique dépouillée. Pourtant, le dernier mouvement ne laisse aucun doute, qui vient opposer son éloquence limpide, telle une revanche de la raison sur le sentiment, emporté par un thème Très animé à 6/8, ivre de liberté et d'énergie. Quant à la seconde idée, également confiée au piano, elle ramène, avec son rythme de longues et brèves, la claire tonalité de ré majeur, autour de laquelle va désormais, s'articuler le mouvement, avec le retour des principaux éléments entendus dans les pages précédentes: (A) ou (B), seconde idée du Grave. Le tempo s'amplifie et c'est dans un lumineux ré majeur—tonalité des triomphes heureux—que s'achève ce Concert où Chausson apparaît tout entier, avec ses espoirs et ses doutes, ses désenchantements passagers et ses aspirations les plus lyriques à la Lumière.[...]"
(*) citations extraites des notes rédigées par Jean Gallois en 1997 pour hyperion-records.co.uk.
La partition peut être téléchargée sur la page correspondante du site de l'IMSLP.
L'enregistrement que je vous propose ici est l'interprétation du Quatuor Pascal - dans sa formation d'origine - avec Louis Kaufman, violon, et Artur Balsam, piano, en solistes. Il n'est paru - à ma connaissance - que sur trois disques: Concert Hall CHS 1071, Nixa CLP 1071 et Classic (France) Clc 6217 (première parution sur le CHS 1071 en juin 1951, d'après la discographie Concert-Hall de John Hunt). Qu'il n'y ait pas eu d'autres rééditions sur disque vient peut-être tout simplement du fait que le Quatuor Pascal a réenregistré cette oeuvre quelques années plus tard avec le jeune Yehudi Menuhin et Louis Kentner (HMV G.ALP 1285, 3e suppl. du WERM, 1953-1955): ce disque a été très bien accueilli par la critique, le Quatuor Pascal n'était donc probablement pas intéressé à une réédition de leur premier enregistrement.
Si je peux vous proposer cet enregistrement ici, c'est grâce à la générosité de Benoit du Quartier des Archives, qui m'a autorisé à publier ici son excellente restauration de son disque: je l'en remercie très chaleureusement.
Voici donc...
Ernest Chausson, Concert en ré majeur pour piano, violon et quatuor à cordes, Op. 21, Louis Kaufman (violon), Artur Balsam (piano), Quatuor Pascal (Jacques Dumont, Maurice Crut, violons, Léon Pascal, alto, Robert Salles ,cello), Concert Hall CHS-1071, 1950-1951 (1. Décidé, 2. Sicilienne, 3. Grave, 4. Finale: Très animé)
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